Jeff Bodart

Jeff Bodart

Presse 2000/2002

Une journée dans l'ombre d'un chanteur préparant son nouvel album...

Le Soir, août 2000

Suivre un artiste pendant quelques heures, voir de quoi est fait son quotidien, entrer un temps dans la magie...

Saint-Gilles. Changement d'horaire: notre casquetté doit faire un saut à Paris, revenir aux petites heures et dès l'aube travailler à la nouvelle installation informatique se trouvant aux sous-sols des studios Vendôme, rue Léopold le à Laeken, près de la place Bockstael. C'est là que nous le retrouvons. Il a beau avoir très peu dormi de la nuit, le sourire et l'énergie légendaire sont bien là. Cette maison, c'est en quelque sorte son bureau. Elle appartient à Cédric du groupe Harissa. Les lapins tentent de quitter le jardin au profit de la cuisine pendant que Cédric s'escrime sur le nouveau programme OMS (Open Music System) pour Mac. Un vrai casse-tête confirmant qu'aujourd'hui les artistes doivent être informaticiens avant d'être musiciens. C'est là que Jeff travaille car chez lui, avec son amie pianiste, ce n'est pas vraiment possible. Et puis j'ai besoin de cette discipline, comme si je me rendais au bureau, nous confie Jeff.

On tente vainement de résoudre les problèmes afin que Cédric puisse commencer à travailler sur ses nouveaux morceaux et on part pour un autre studio, le Dame Blanche, rue .des Cultivateurs, près de la Chasse, à Auderghem. C'est là que Jeff et son complice Olivier Bodson, dont il a dû prendre la guitare, font aussi des musiques de films. L'endroit, fraîchement rénové, au rez-de-chaussée duquel on retrouvé le bureau d'architecture Delaby, comprend une salle avec un grand écran pour pouvoir composer en regardant le film défiler. Des musiques pour le feuilleton «Pokémon» ont été faites là. Jeff ne tient pas en place. Ce n'est pas une légende. On reste cinq minutes avant de filer à Haacht, au studio de préproduction où travaillent ses producteurs Erwin Autrique et Yannick Fonderie. On passe à la maison prendre une bouteille de champagne. Jeff a oublié qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire d'Erwin. Quand on arrive en terres flamandes, Yannick travaille déjà sur les maquettes des chansons qui figureront sur le nouvel album de Jeff qu'on attend pour la rentrée. J'adore le son des albums de la nouvelle scène rock flamande, j'aimerais mêler ça à mes chansons.

HAACHT, CENTRE DU ROCK Dans la villa cossue de Haacht, sise au coeur d'un superbe quartier résidentiel, le salon est envahi de montagnes de synthés et de machines en tout genre. Le plus impressionnant d'entre eux est le Sherman Filter Bank, une petite boîte de rien du tout inventée par un Haachtois, Herman Gillis, qui la vend dans le monde entier. Les Chémical Brothers, William Orbït, Nine Inch Nails, All Saints... font partie de ses clients. On parle toujours d'Anvers mais c'est Haacht qui est devenu le centre du rock en Belgique. Werchter n'est pas très éloigné, le producteur Wouter Van Belle (Axelle Red, Dead Man Ray, Novastar:..) habite dans le coin. Tout comme Jean-Marie Aerts.
Et que fait cette petite boîte Sherman? Elle salit le son. Tout simplement. Sous les disques d'or et de platine d'Axelle Red, en fouinant, en trouve de vieux Moog, un Oberheim ou la valise EMS rendue célèbre par. Brian Eno. On entend une première chanson écrite par Marc Morgan. Le spectre musical est disséqué sur l'écran du Mac et Yannick ajoute, retire, accélère, ralentit tout ce qu'il veut. La chanson est malaxée dans tous les sens: Yannic, Erwin et Jeff mettent la dernière touche aux chansons avant d'entrer en studio, deux jours plus tard, l'ICP. Là on ne fait que les «protools», les structures qu'on enrichira «live » en studio avec les musiciens, ça permet de gagner du temps et de l'argent.

On entend ensuite «Ce que t'es belle quand j'ai bu» , une valse lente signée Jeff . Puis «Au bout de mes doigts» de Rudy Leonet sur un petit rythme reggae. On cherche une fin au morceau car je ne supporte pas les «fade out», les fondus. J'aime les belles chutes.
Seize chansons ont été sélectionnées. Elles sont signées Jeff Bodart, Marc Morgan, Rudy Leonet, Miossec, Olivier Bodson, François Bernheim... Elles serviront le premier album que Jeff publiera chez PIAS dont le, patron, Kenny Gates, est un vieux pote .

Jeff compte sur quelques pointures pour le rejoindre L'ICP. Ian Thomas des Attractions, Gail-Ann Dorsey de Bowie. . . Mais plus lan Caple. Ca n'a pas fonctionné avec lui, on a dû arrêter les frais. lan est plus un ingénieur du son, il n'est pas assez dirigiste. Pour Bashung, c'est ce qui lui faut, mais moi j'ai besoin qu'on me dirige.
Toute la journée, Jeff restera enfermé avec Erwin et Agneaux, rejoints par le fidèle Olivier Bodson, afin d'être fin prêt avec des Délos hyperprofessionnelles. A midi, on s'offre tout de même un petit repas champêtre dans un resto du coin. Le travail, c'est bien mais Jeff est plutôt du genre à prendre la vie du bon côté. Il sait qu'avec ses complices, il sera prêt pour le petit mois de studio. Il croisera d'ailleurs Jean-Louis Aubert occupé à travailler sur son nouvel album dans le même studio ixellois.

Il n'est pas encore sûr de. tout, de tel rythme sur telle chanson, trop rapide, trop lent. . . On donne notre avis, tout fier d'être pour une fois impliqué dans un processus créatif. Pourquoi t'écrirais pas des textes de chansons? Non mais, ça va pas, il est fou ce Gangster d'amour...

Thierry Coljon

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