Jeff Bodart

Jeff Bodart

Presse 1998/1999

Jeff Bodart, le Belge survolté

Le Parisien, février 1998

A quoi reconnaît-on un vrai chanteur ? Au fait qu'un excellent album ne lui suffit pas. Que, sur scène, il veut en donner plus, partager encore, sans céder sur la voix ou sur la musique. Jeff Bodart est comme ça. Son deuxième album, (Histoires Universelles) concocté avec les copains Kent, qui signe plusieurs de ses textes, Benoît Poelvoorde, qui donne de la voix ici et là, et contribue parfois au texte, Olivier Bodson et Pierre (Julio) Gillet, les musiciens multi-instrumentistes qui l'accompagnent aussi sur scène - est une petite bulle de bonheur en quatorze chansons (+ 4 en bonus).

Mais, sur scène, plus de casque ni de contrainte. Jeff Bodart enfile une casquette de tweed, qu'il ne quittera plus, même lorsqu'il traversera la salle en sautant de fauteuil en fauteuil, la chemise mouillée et la sueur perlant au front. Cette sueur, c'est son côté Brel, comme un hommage au maître dont il partage le léger accent belge, et auquel il emprunte Bruxelles chanté en version 'post-atomique' ultra rapide et prétexte à faire danser le sirtaki à la salle. Mais on n'en est pas là, Bruxelles est pour la fin. Et, comme un tour de chant ne se met pas en scène comme un album, Jeff commence par Je nous emmène, chanson d'amour sans mièvrerie comme Ca valait la peine que je naisse, qui vient plus tard, ritournelle toute simple joliment orchestrée.

Résolument acoustique, navigant entre le rock, les musiques du monde et le jazzy, Jeff Bodart aime le rythme, soigne les percussions, mais ne se contente pas pour autant d'airs faciles à chanter. Témoin, Le temps des cailloux que la salle partie pour danser toute la nuit ne réclame pas au rappel et c'est dommage. Elle préfère Le chant des Yakas, un manifeste anti-bêtises arrangé à la sauce arabo-andalouse que Jeff interprète en mode survolté, fraternellement secondé par les éclairages et des musiciens quasi parfaits.

Le public parisien nage dans le bonheur, 'Ce petit nuage rose entre deux nuages noirs', et refuse de laisser filer ce chanteur dont la Belgique lui fait cadeau. Elisabeth Santacreu

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