Annoncé par le succès radio du simple "Boire, boire, boire"
  le nouvel album de Jeff Bodart, "T'es rien ou t'es quelqu'un", arrive 
  juste à temps pour l'été. 
Deux années se sont écoulées depuis la sortie de " Ça ne me suffit plus ", au cours desquelles Jeff n'a jamais cessé d'écrire la suite de ce qu'il appelait " sa petite révolution ".
Choisis parmi plus de 40 chansons, les 11 titres qu'il nous propose aujourd'hui témoignent d'une grande diversité mais aussi d'une grande cohérence, alliant (im)pertinence (Boire, boire, boire), modernité pop (Ma vie est une balançoire), audace des arrangements (Ne dis rien), Canadair), grâce dépouillée (Tu m'aimeras quand je ne t'aimerai plus) et gravité sensuelle insoupçonnée (Apprendre à tout laisser).
 Onze moments de vie forts et précieux que Jeff nous présente immédiatement en 
  concert, notamment sur la scène principale des Francofolies de Spa cet été.
  
  Cerise sur le gâteau, en ces temps où la crise du disque fait rage, Jeff s'offre 
  un prix spécial et rase gratis la TVA.
Un prix plus juste pour permettre au plus grand nombre de rentrer dans l'univers 
  d'un album personnel et lumineux.
  
  Pop, rock, chanson française, qu'importe l'étiquette, ici l'intensité et la 
  justesse donnent le ton. Et on sent plus que jamais que Jeff Bodart s'est livré 
  et délivré dans la réalisation de " T'es rien ou t'es quelqu'un ", un disque 
  résolument jouissif et actuel. 
" Un son qui se tient tout au long du disque, de la tendresse et beaucoup d'énergie. 
  Son meilleur album. " 
  Le Soir
  " Formidable. " 
  La Nouvelle Gazette 
  " Une certaine gravité allégée de fantaisie. Excellent. "
  La Libre Belgique 
  "Nos oreilles sont restées scotchées dans les onze compositions retenues. 
  Du bon travail. Du beau travail. " 
  La Dernière Heure 
  " Son meilleur album solo."
  Flair L'hebdo 
  
A la sortie de ton précédent album, 
  "Ça ne me suffit plus", tu parlais de la nécessité 
  de prendre des risques et de te mettre en danger. Rétrospectivement, 
  quel a été le danger et quels ont été les risques?
  Le risque, c'était d'être mal compris. Et le danger, c'était 
  d'être désavoué par le public. Les grandes ambitions ne 
  donnent parfois que de petites révolutions personnelles, mais grâce 
  à cet album je sais que dorénavant chaque nouveau disque sera 
  pour moi bien autre chose qu'un nouveau disque de plus. 
Un album de Jeff Bodart c'est un travail d'équipe. 
  Sur ton nouvel album, on retrouve beaucoup de collaborateurs habituels. Fidèle 
  ou frileux? 
  Aujourd'hui, il est parfois beaucoup plus aventureux de faire un disque avec 
  des gens que vous connaissez bien que de choisir le musicien ou l'auteur à 
  la mode dont vous ne ferez que survoler les capacités. 
  Sur ce disque, il y a au moins autant de nouveaux collaborateurs que d'anciens. 
  J'aime le travail " en famille ". On est d'abord amis et ensuite on 
  fait de la musique ensemble. Mais c'est une famille ouverte, tournée 
  vers l'extérieur, et qui s'agrandit tous les jours.
  La famille, c'est confortable. Les rencontres, c'est formidable!
A quel stade du travail ressens-tu le besoin d'agir 
  en solitaire? 
  Chez moi, et à tous les stades, il y a d'abord le collectif, et ensuite 
  le solitaire. Après le travail d'équipe vient le moment d'assembler 
  et là je suis seul à décider. Tailler dans les idées, 
  les mots, les riffs, les intros et tenter de rassembler tout ça, c'est 
  un sentiment sensationnel! Rebondir sur un texte ou une musique, remplacer un 
  nouveau refrain par un ancien couplet, affiner un mix à l'extrême, 
  rejouer vingt fois une guitare et puis surtout : chanter seul !
  Ma façon de travailler pour les prises de voix est nouvelle: je suis 
  seul dans le studio. Je me raconte mon histoire comme je l'entends. Après, 
  j'appelle mes amis pour effacer les doutes ou les confirmer, m'aider à 
  prendre de la distance et recommencer.
Ta façon de chanter a considérablement 
  changé. C'est perceptible sur certains titres et flagrant sur d'autres. 
  C'est une évolution naturelle ou une contrainte que tu t'es imposée 
  selon l'exigence des chansons?
  C'est un progrès que je m'impose, mais c'est n'est pas une contrainte. 
  C'est vrai que les nouvelles chansons ont peut être initié davantage 
  ce genre de tentative. Aujourd'hui je chante mieux qu'hier et, j'espère, 
  moins bien que demain. J'imagine que c'est pareil quand on apprend à 
  parler. J'ai d'ailleurs mis très longtemps à parler. Et à 
  marcher aussi... mais c' est une autre histoire.
Tu es connu pour être un performer, une bête 
  de scène. Jusqu'à quel point les disques sont-ils pour toi des 
  prétextes pour être sur une scène?
  J'aime toujours autant la scène mais j'ai enfin trouvé le plaisir 
  de créer quelque chose en studio. Même si ce genre d'endroit exigu 
  continue à me rendre un peu nerveux, je pense avoir transformé 
  le travail obligatoire en récompense.
Des chansons comme "Canadair" ou "Apprendre 
  à tout laisser" sont très éloignées par le 
  climat de ce que tu as pu faire par le passé. Comment vas-tu les aborder 
  en concert au milieu des autres et sans les renier?
  J'ai répété "Canadair" et "Appendre..." 
  pour la scène et je peux déjà dire qu'elles seront des 
  chansons indispensables dans la nouvelle tournée.
  C'est peut-être la première fois que j'aborderai des climats aussi 
  intenses en public et je suis moi-même surpris de la facilité avec 
  laquelle cela se passe. 
L'album s'intitule " T'es rien ou t'es quelqu'un 
  ", un thème qui peut paraître arrogant ou fataliste. C'est 
  en référence à la real tv où certains envisagent 
  parfois la célébrité comme un métier?
  On vit dans un monde où seuls les battants sont reconnus et respectés, 
  comme s'il était impossible d'être un type bien sans nécessairement 
  faire quelque chose d'extraordinaire. " T'es rien ou t'es quelqu'un " 
  c'est un paradoxe. C'est la conviction que chacun de nous a quelque chose à 
  dire ou à faire et une satire douce-amère à propos du culte 
  de la réussite. 
On connaît les associations/dissociations Gainsbourg/Gainsbarre, 
  pile/face, Renaud/Renard, amour/amer, Jeckyll/Hyde... On connaît moins 
  le tandem Jeff/Jean-François qui apparaît en filigrane dans plusieurs 
  chansons de l'album?
  C'est même le thème d'une chanson qui ne s'est pas retrouvée 
  sur le disque. Pour moi, la "Route du Progrès" c'est prendre 
  ma pelle et partir racler au plus près de l'os. Comment intéresser 
  les gens si on ne se penche pas sur soi-même et si on ne représente 
  qu'un personnage désincarné qui se tire systématiquement 
  d'affaire en faisant une pirouette ? 
A quelqu'un qui découvre ta carrière 
  et ton histoire, comment expliquerais-tu le lien entre " Meurtre à 
  Hawaï ", " Du vélo sans les mains " et " Tu 
  m'aimeras quand je ne t'aimerai plus " ?
  C'est le même type, à des stades différents, avec sa vérité 
  d'avant-hier, d'hier et d'aujourd'hui. Je revendique le droit à la contradiction 
  et à la tentative. Les convictions évoluent et la manière 
  de s'exprimer aussi. Ce sont des étapes différentes, vécues 
  honnêtement, où je me suis retrouvé à 100% et sans 
  lesquelles mon univers d'aujourd'hui ne serait pas ce qu'il est.
Tu as chanté " La vie d'artiste ". 
  Si tu devais résumer la tienne aujourd'hui et en quelques mots?
  C'est une vie que j'ai choisie. Un chemin en ligne oblique dans lequel j'ai 
  souvent envie d'entraîner les autres. Une vie où il vous arrive 
  de recevoir cent fois plus que ce qu'on a donné. Mais "La vie d'artiste" 
  était surtout une chanson sur l'étincelle qui sommeille en chacun 
  de nous. Cela dit, pour moi aucun "artiste" professionnel, et "artiste" 
  je l'écris toujours entre guillemets, ne mérite qu'on écrive 
  une chanson sur lui, ni qu'on sublime son état ou qu'on célèbre 
  son statut. Cette vie-là ne doit revendiquer aucune forme de respectabilité.